Le Service Civique est une opportunité d’engagement citoyen ouverte aux jeunes de 16 à 25 ans, leur permettant de consacrer entre 6 et 12 mois à une mission d’intérêt général en France ou à l’étranger, dans des domaines aussi variés que l’éducation, la culture, la solidarité ou encore la santé.
Depuis le 3 juin, Taramana a fait le choix de faire appel à ce dispositif pour la première fois et a le plaisir d’accueillir Marylou et Victoria, deux volontaires engagées, venues mettre leur énergie et leurs compétences au service de notre association.
Pourriez-vous vous présenter ?
Victoria : Bonjour, moi c’est Victoria, j’ai 20 ans, je viens de Cannes et avant d’arriver au Cambodge, j’étais en première année de licence de Cinéma et audiovisuel à Strasbourg.
Marylou : Bonjour, je m’appelle Marylou, j’ai 26 ans, je viens de Paris et j’ai obtenu mon diplôme scénographie et design en décembre dernier.
Comment avez-vous trouvé et choisi votre mission et pourquoi ?
V : Je cherchais une mission à l’étranger et j’hésitais entre l’Amérique du Sud et l’Asie. Finalement, mon choix s’est porté sur l’Asie et particulièrement le Cambodge, car l’un de mes professeurs en école de cinéma avait réalisé un documentaire sur ce pays, ce qui m’a donné envie d’en savoir plus et de découvrir sa culture. Après cela, tout s’est fait très vite, j’ai postulé à Taramana parce que les missions m’intéressaient, deux jours plus tard, j’ai eu un entretien et j’ai été sélectionnée.
M : Je cherchais un Service Civique dans le domaine de l’éducation pour tous ou la protection des animaux et de l’environnement, avant mon anniversaire, car j’avais l’âge limite pour pouvoir partir. Mon choix s’est porté sur le Cambodge car mon père à quelques amis cambodgiens qui m’ont beaucoup parlé de leur pays et cela m’a donné envie de chercher ici. Je voulais vivre une expérience en immersion totale dans une autre culture, différente des expériences touristiques que j’ai pu faire jusqu’à présent et où j’étais simplement spectatrice. En faisant des recherches, j’ai trouvé que Taramana était l’Organisation qui correspondait le plus à mes valeurs, et comme Victoria, tout s’est ensuite fait très vite.
Que faites-vous dans le cadre de votre mission ?
V : Je m’occupe de toute la communication sur les réseaux sociaux, donc l’écriture et aussi les contenus audiovisuels photos et vidéos, je fais des jeux d’initiation au français, j’aide à l’encadrement des activités du centre, pendant les sorties culturelles, à la bibliothèque, au rugby, et j’ai commencé à mettre en place un atelier de danse et chant.
M : Notre travail est hyper polyvalent, on va parfois aider sur les enquêtes sociales, parfois aider à l’encadrement d’activités et sinon j’anime aussi des jeux d’initiation au français, un atelier d’art plastique qui comprend couture, sculpture, peinture et dessin, je m’occupe aussi de la rédaction de la newsletter et de la mise en page des lettres des enfants pour leurs parrains/marraines, et plus généralement du lien parrains/filleuls.
Vous effectuez votre mission à deux, qu’est-ce que cela vous apporte ?
M : À Taramana, nos missions sont assez différentes, mais on travaille quand même beaucoup en coopération. Par exemple sur les parrainages, le contenu multimédia que Victoria réalise (photo et vidéos) est utilisé pour réaliser les lettres pour les parrains et marraines. Pareil pour la newsletter.
V : Il faut aussi savoir qu’en plus d’être en binôme à Taramana, on est colocataires, donc on est vraiment un binôme +. On se soutient, on partage nos ressentis sur cette expérience, nos découvertes et on s’aide sur certaines tâches.
Quel accompagnement recevez-vous dans le cadre de votre mission ? Avez-vous un tuteur/une tutrice ? Comment ça se passe ?
V : À Taramana, notre tutrice, c’est Véronique, la directrice du centre. C’est elle qui nous a fait passer les entretiens, qui nous a accueillies et qui suit nos missions ici. Elle connait le centre sur le bout des doigts, si on a la moindre question, on sait qu’on peut lui demander et qu’elle saura nous aider. Ensuite, il y a Mali, bénévole au centre en appui à la direction, qui nous suit au quotidien et nous propose un point hebdomadaire pour faire un retour sur la semaine passée, et les tâches de la semaine à venir.
De plus, il y a Thierry, le vice-président de l’association, qui nous a aussi fait passer les entretiens et avec lequel on fait un point mensuel depuis la France pour s’assurer que tout va bien. Et enfin, Jocelyn, le président-fondateur de l’association, qui nous demande de valider les projets importants et ceux qui vont avoir un impact direct sur les interlocuteurs français (adhérents, donateurs, parrains/marraines).
M : En dehors de Taramana, il y a International Impact qui a géré toute la partie administrative de notre venue, et qui nous envoie des messages et nous invite à des événements organisés avec d’autres volontaires. On est quand même assez libres de ce côté-là, si on préfère réaliser notre mission en autonomie, ils le comprennent. Mais on sait qu’on est très bien entourées, qu’on a un filet de sécurité. Si on a une question administrative, on a 3-4 contacts chez International Impact, si on se sent un peu déprimées, on sait qu’on peut aller parler avec Véronique, Mali ou Thierry.
Vous êtes en mission auprès d’un public en situation précaire, qu’est ce que cela vous a appris ?
M : Ça demande de la patience et de savoir apporter l’espace nécessaire pour que les enfants puissent s’exprimer. Savoir apprendre à être en retrait quand il faut et savoir poser les bonnes questions. Il faut savoir aussi lire entre les lignes parce que les enfants ne vont pas aborder certains sujets directement, ils sont plus discrets sur leurs sentiments, leurs ressentis. Ça m’apprend beaucoup en termes de communication et de patience. Il y a eu un temps d’adaptation avant qu’ils se sentent en confiance, il faut les laisser venir vers nous, seuls, et après quand on a leur confiance, on crée un lien vraiment fort avec eux.
V : J’avais déjà travaillé avec un public en situation précaire en France, mais comme l’a dit Marylou, la situation, les besoins et les demandes des enfants sont complètement différentes en France et au Cambodge. On a parfois l’impression d’avoir des petits adultes devant nous, mais il ne faut pas oublier que ce sont des enfants avant tout et donc se comporter et mettre en place des activités, des projets pour des enfants qui ont aussi besoin de s’amuser et d’un peu oublier tout ce qu’il y a autour.
Comment cette mission s’inscrit dans vos objectifs ou projets professionnels futurs?
V : Cela fait longtemps que je suis bénévole dans des associations et j’aimerais continuer le volontariat international après ma mission chez Taramana parce que je trouve qu’un an, c’est trop court ! Soit avec un VSI (Volontariat de Solidarité International), soit en étant embauchée directement dans une ONG. Pour l’instant, le Cambodge me plaît énormément, j’apprends le khmer et j’espère pouvoir rester dans ce pays après ma mission, mais sinon j’essaierais de rester dans la région. J’aimerais bien aussi lancer des petits projets personnels dans l’audiovisuel, je fais beaucoup de photos et j’aimerais bien réaliser des documentaires sur la culture khmère ou la vie au Cambodge.
M : Ma mission de Service Civique n’a pas de lien direct avec mon projet professionnel, mais je sais que cette expérience dans sa globalité est très valorisée dans mon secteur d’activité, parce qu’elle montre une ouverture d’esprit. La plupart des professionnels nous demandent une curiosité pour l’architecture des autres pays, d’être observateur, ils aiment voir les carnets de voyage, les dessins, et plus tard les inspirations culturelles de ces expériences à l’étranger dans notre travail.
Avez-vous une anecdote à raconter ?
M : J’ai eu la chance de fêter mon anniversaire ici. Le matin à mon arrivée, tout le monde au centre était au courant. J’ai reçu plein de petits mots, de dessins, des stickers, des bracelets et je suis repartie le soir les bras chargés de cadeaux et de souvenirs. C’était un anniversaire comme je n’en avais jamais fait avant et ça m’a énormément touchée.
V : Toutes les interactions avec les enfants pourraient être des anecdotes ! J’apprends le khmer, et en fin de journée, il m’arrive de rester dans une salle de classe pour pratiquer l’alphabet sur un tableau. Quand des enfants ou des collègues khmers me voient, ils viennent et m’aident, me font des petits cours sur les couleurs, les objets du quotidien… C’est comme ça qu’après 2 mois ici, je connais déjà une bonne partie de l’alphabet et plein de phrases du quotidien.
Un dernier mot ?
V: Si je devais décrire Taramana c’est vraiment richesse culturelle et amour.
M: Merci aux lecteur.ice.s et à toute l’équipe de Taramana, l’aventure ne fait que commencer.