Sur le ring avec Kan Meng Hong

Taramana boxe Kan Meng Hong

Ce mois-ci, nous avons eu la chance de recevoir la visite de Kan Meng Hong, un ancien élève de Taramana qui est devenu un champion reconnu dans le monde de la boxe. Le 8 janvier dernier, il a remporté ses 2 matchs au Kun Khmer Super Fights II, organisé à Phnom Penh. Rencontre avec Kan Meng Hong et retour sur son parcours :

Kan Meng Hong a grandi à Boeng Salang, avec sa grande sœur et sa grand-mère. Il fréquentait l’école publique par demi-journée et le centre Taramana le reste de son temps. Afin d’aider sa famille, il a très vite arrêté l’école pour travailler dans le bâtiment dès l’âge de 12 ans. La boxe, il est tombé dedans dès son plus jeune âge. Quand on lui demande pourquoi il a commencé ce sport, il l’admet en riant « J’étais un enfant bagarreur avec une énergie débordante, il fallait que je me canalise. A 13 ans, je me bagarrais déjà avec des adolescents plus âgés ! »

La boxe est sa passion, une véritable vocation. A partir de 16 ans, il rejoint un club pour s’entraîner gratuitement pendant son temps libre. Au bout de seulement deux jours, le coach lui a proposé de représenter le club pour un combat. Il devait affronter un adversaire du même âge et du même poids que lui. Kan Meng Hong n’a pas hésité longtemps. Quelques instants sur le ring plus tard, la victoire est tombée. La machine était lancée !

Taramana boxe Kan Meng Hong

Kan Meng Hong a aujourd’hui un joli palmarès accroché à son tableau : sur 80 combats, il n’a perdu que 12 fois. 15 de ses adversaires se sont également défilés, en abandonnant pendant les combats. Cela fait maintenant 3 ans qu’il est inscrit sur la liste des sportifs nationaux.

La boxe impose un cadre et des règles très strictes, il faut savoir faire des sacrifices. Ses entraînements sont encadrés et il doit se soumettre à un régime particulier : bye bye le fast food et les boissons énergisantes. Ken Meng Hong suit un régime hyper protéiné et fait des séances de renforcement musculaire hebdomadaires en salle de musculation. Ce qu’il aime particulièrement dans la boxe c’est se battre contre les autres, repousser ses limites et apprendre sur lui-même. Les valeurs inculquées par ce sport l’ont fait grandir. Le respect, la détermination et l’humilité font maintenant parties intégrantes de son identité.

En termes d’objectifs, Kan Meng Hong vise toujours plus loin. Pour les prochains mois, il aimerait continuer à gagner ses matchs afin d’économiser plus d’argent et continuer d’aider sa famille. A partir de l’année prochaine, il souhaite rejoindre la délégation nationale pour les Jeux d’Asie du Sud-Est, qui se tiendront en 2023 au Cambodge. Il ne nous a rien dit concernant les Jeux Olympiques de Paris en 2024, mais nous espérons sa participation !

Taramana boxe Kan Meng Hong

Aujourd’hui âgé de 19 ans, il a quitté Boeng Salang pour s’installer au plus près de son lieu d’entraînement, à l’Old Stadium de Phnom Penh. Il dispose d’une chambre dans un logement, qu’il partage avec 3 autres colocataires. Sa famille a elle aussi quitté Boeng Salang, pour s’installer dans le même quartier que lui. Ses combats lui permettent de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, de façon confortable. Dès qu’il a un peu de temps libre, il le passe avec sa grand-mère et le reste de ses proches.

Kan Meng Hong fait partie des figures emblématiques de Taramana. Son enfance au centre, il en garde des souvenirs pleins la tête ! Son meilleur souvenir est sans conteste le clip parodique de Gangnam style. 

Il a également beaucoup apprécié toutes les activités proposées et plus particulièrement le football et le rugby. Il a également adoré le hip hop avec sa team, qui lui avait donné l’occasion de faire un spectacle devant Hun Mani, le fils du premier ministre Hun Sen. 

Les coulisses du nouveau clip parodique des Petits Chenapans

Nous y voilà ! L’attente était devenue trop longue. Après plus de deux mois de tournage, des centaines de prises, peu de moyens et plusieurs dizaines d’heures de montage plus tard, la troupe des Petits Chenapans a officiellement fait son retour avec la sortie de leur clip aussi burlesque que solidaire.

Sur une reprise d’une chanson d’Annie Cordy, “La bonne du curé”, rebaptisée “À deux doigts de craquer”, nos onze artistes évoquent avec humour et sincérité le mal être et la détresse des étudiants français, victimes collatérales de la pandémie de Covid-19. L’isolement, la solitude, les difficultés psychologiques et financières… tous les sujets en lien avec la situation estudiantine y sont abordés de façon décalée.

« À travers cette vidéo, nous avons voulu adresser un clin d’œil aux étudiants en France qui souffrent, leur redonner le sourire le temps d’une vidéo », décrit Jocelyn Dordé, le fondateur à la fois de Taramana et de la troupe des Petits Chenapans. Et les sourires sont aussi apparus sur le visage des comédiens : tous ont unanimement « adoré » participer à ce projet !

Empathie en veux-tu en voilà

La solidarité n’a pas de frontière, même avec les 10 000 kilomètres de distance qui séparent la France du Cambodge. Au contraire. Cette vidéo a permis aux acteurs de prendre conscience du sort des étudiants hexagonaux et ainsi d’atténuer les différences. « Participer à cette vidéo m’a permis de beaucoup mieux comprendre la vie des étudiants français pendant le Covid. C’est plus dur qu’au Cambodge car ici on peut toujours sortir, voir nos amis et travailler en groupe », raconte Vuthny dans un français parfait.

Comme en France, des mesures strictes ont été prises par les autorités cambodgiennes afin de limiter la propagation du virus impactant la vie des khmers. Une ressemblante situation qui « montre que nous sommes tous touchés par la pandémie de Covid-19, enchaîne Sereykanha. Avant le début du tournage, j’ai appris que les étudiants français faisaient face à de nombreux problèmes… mais ce n’est pas seulement les Français qui sont impactés mais tous les étudiants du monde entier. »

Francophonie

Leur vidéo devait à l’origine être présentée lors de la Journée internationale pour la francophonie à l’Institut français de Phnom Penh. Valentine Gigaudaut, attachée de coopération pour la francophonie auprès de l’ambassade (voir son interview dans notre newsletter d’avril), connaissait déjà la troupe de théâtre des Petits Chenapans et leur a proposé de diffuser une vidéo à la fin de la dictée annuelle.

Un concours de circonstances donc, puisqu’au même moment l’idée d’un clip parodique sur le thème du Covid arrivait sur la table, après que le fondateur de Taramana ait réinventé les paroles d’une chanson d’Annie Cordy. « Je voulais lui rendre hommage », se remémore-t-il. C’est alors que l’aventure débute ; Action !

Du plaisir sans trucage

L’équipe de tournage s’est ensuite activée autour du fondateur des Petits Chenapans : Laurène Belcour, Camille Jallet et Laurie Andriamanarivo comme assistantes de réalisation pour les décors, les costumes et la chorégraphie, Benoît Saunier à l’interprétation, Eng Sovan Daro et Doeu Visal derrière les caméras et Camille Jallet avec une seconde casquette de monteuse vidéo.

Pas encore de statuette ni d’Oscar pour nos acteurs vedettes, mais un grand merci à : Din Vuthny, Chao Monyroth, Chhum Vathana, Din Chandina, Din Simanith, Kan Meng Hong, Pich Sambath Seyha, Seang Pich Maniline, Tola Sophavin, Vin Kimlang et Vuthy Sereykanha.

Malheureusement, le virus aura encore fait des siennes. La journée et la projection ont dû être annulées. Une déception pour les artistes mais qu’importe, les souvenirs du tournage resteront gravés. La vidéo du making of vous prouvera que sur le plateau du tournage, installé au centre Taramana Magdalena, la bonne humeur et les rires n’étaient pas des effets spéciaux.

Pour + d’images du tournage, accédez à notre album photo ICI.

Covid-19 : Le Cambodge submergé, Taramana impacté

La situation sanitaire se dégrade fortement au Cambodge. Et ce, depuis la découverte le 20 février dernier d’un cluster au cœur même de la capitale Phnom Penh : le nombre de cas positifs à la Covid-19 augmente quotidiennement, l’ensemble du territoire est désormais touché par cette nouvelle vague et les autorités décrivent la situation comme “la plus grande transmission communautaire depuis le début de la pandémie”.

Un contexte tendu confirmé par les statistiques : depuis l’apparition du nouveau foyer, en moins d’un mois à peine, le nombre total de cas positifs a presque triplé, passant de 516 à 1 430 cas. Pour ne rien arranger, le tout premier décès lié à la Covid-19 au Cambodge a été déclaré le 11 mars.

Total des cas positifs à la Covid-19 au Cambodge entre le 15 février 2020 et le 8 mars 2021. Source : Johns Hopkins University.

Pour Visal DOEU, infirmier réquisitionné par le ministère de la Santé pour lutter en première ligne contre la Covid et membre de l’équipe de Taramana, le phénomène de transmission communautaire est « le pire scénario qui aurait pu arriver ». « Je suis inquiet pour ma famille et ma santé, poursuit-il, parce que les cas augmentent tous les jours, la population commence à se lasser, à faire moins attention et à ne plus avoir peur du virus. »

Urgence et précautions

Quant aux autorités du pays, elles ne se relâchent pas. Au contraire. Dès la découverte du cluster du 20 février, les mesures de restriction ont été durcies. La fermeture des écoles et des universités dans les provinces de Phnom Penh, Kandal et Sihanoukville, des salles de cinéma et de sports, des théâtres et musées à Phnom Penh et dans la province de Kandal ont été annoncées. Un système de QR code a également été mis en place dans les établissements recevant du public.

Et ça ne s’arrange pas. Dans un message audio “spécial” diffusé dans “l’urgence” le lundi 8 mars, le Premier ministre, Hun Sen, a annoncé l’interdiction de tous les rassemblements y compris dans les entreprises. Le télétravail était désormais la norme pour une période minimale de sept jours. « La situation actuelle requiert encore plus de vigilance qu’auparavant et ce qui n’est pas nécessaire doit être suspendu et repoussé. C’est une situation urgente et des précautions doivent être prises pour stopper la propagation du virus », assure le chef du gouvernement cambodgien. Le port du masque est également devenu obligatoire depuis le 12 mars sous peine d’amende, alors qu’il était jusque-là seulement recommandé.

Taramana au ralenti

Cette reprise de l’épidémie a même atteint le bidonville de Boeng Salang, là où Taramana intervient auprès des familles défavorisées, où une femme a été déclarée positive. Une situation qui affecte évidemment l’organisation de Taramana. Le Centre Taramana Magdalena n’accueille plus aucun groupe d’enfants, les activités extrascolaires comme le rugby et la danse ont été suspendues et les membres du staff sont principalement en télétravail.

Taramana ralentit mais, heureusement, ses activités de solidarité ne rompent pas. Les distributions de riz continuent et sont même les rares moments où les enfants sont autorisés à venir au Centre. Une distribution d’une boîte de 50 masques et d’un litre de gel hydroalcoolique à chaque famille suivie par Taramana a également eu lieu ce mois-ci. Côté santé, l’association fournit toujours régulièrement les médicaments aux habitants souffrant de maladies chroniques. De plus, le Dr Jocelyn Dordé, président de Taramana, Visal, notre infirmier, ainsi que Dararith, notre assistant social, restent à la disposition des familles en cas d’urgence ou de demande particulière.

Seule bonne nouvelle, environ 300 000 doses de vaccin sont arrivées au Cambodge début mars et les vaccinations ont débuté. Les professionnels de santé sont les premiers bénéficiaires. Pourvu que la situation s’améliore dans les semaines et mois à venir !

L’état civil au Cambodge, un concept encore mal compris

Un état civil, une date de naissance connue, un nom bien écrit, tout cela nous semble être des droits simples et faciles d’accès. Pour autant, au Cambodge, il est aujourd’hui encore courant qu’un enfant n’ait qu’une idée approximative de son âge et donc aucune connaissance de sa date d’anniversaire.

Les “fantômes” de la société

L’enregistrement des naissances au Cambodge a progressé ces dernières années, en passant de 62% des enfants de moins de 5 ans non enregistrés en 2010 à 25% en 2017. Cependant, aujourd’hui, cela représente toujours 1,6 million d’enfants sans identité officielle. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène : une date d’anniversaire choisie par les parents au moment de faire les papiers ou encore une mauvaise retranscription des informations ou encore la traduction irrégulière en lettre latine des prénoms par les différentes administrations.

Ainsi, un enfant enregistré peut ne pas connaître sa vraie date de naissance, son prénom n’est pas forcément le même sur tous ses papiers d’identité et d’autres petites erreurs qui posent problème à une plus grande échelle.

Le plus gros problème reste la déclaration de naissance car les enfants non déclarés se retrouvent privés d’identité administrative, faisant d’eux de véritables « fantômes » dans la société. Cela peut entraîner un futur fragile pour l’enfant qui, sans identité, ne peut poursuivre ses études, mener une carrière professionnelle, voter, voyager ou encore se marier. L’absence d’existence officielle ouvre aussi la porte au trafic d’êtres humains, à la prostitution, aux mariages précoces ou au travail forcé.
Les raisons qui poussent les familles à ne pas déclarer la naissance d’un enfant sont nombreuses, allant de la simple nonchalance à la difficulté de se rendre dans les services dédiés. C’est souvent un trajet que peu de parents sont prêts à effectuer pour une démarche dont ils ne saisissent pas toujours la portée. Pourtant, l’extrait d’acte de naissance, une fois présenté au commissariat le plus proche, permettra d’obtenir une carte d’identité et, surtout, d’être enfin reconnu comme citoyen à part entière.

Quelles solutions ?

À Taramana, nous luttons pour le droit à l’identité des enfants, en s’assurant que chaque enfant soit bien enregistré. S’il ne l’est pas, nous aidons la famille à obtenir le certificat, en participant soit aux frais de logistique, soit aux frais de délivrance du certificat. Aujourd’hui, il y a moins de dix enfants inscrits à Taramana qui n’ont pas encore fourni leur certificat pour la rentrée, et seulement un qui n’en a pas du tout : le petit Visal, 12 ans après sa naissance, n’a toujours pas de certificat, conséquence, il n’a pas pu participer à la rentrée des écoles publiques en janvier 2021. Né en province, cela coûterait trop cher à la famille pour le faire à distance. Un aller-retour leur reviendrait peut être moins cher mais le coût reste trop élevé, et avec un petit frère de 1 an et demi, un père qui travaille, la mère ne peut pas se permettre un trajet en province.

Afin de s’assurer que les enfants comprennent bien l’importance du certificat de naissance, des cours d’éducation morale et civique sont donnés à Taramana. Parallèlement, nous communiquons avec les familles pour leur faire comprendre l’importance de ces démarches.

À l’échelle mondiale, environ 166 millions d’enfants de moins de 5 ans (soit un sur quatre) n’ont jamais été enregistrés à la naissance. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne concentrent 87 % des enfants de moins de 5 ans non enregistrés.
Pour répondre à cette problématique, le gouvernement cambodgien a mis en place de nouvelles règles, comme la gratuité de la démarche dans les 30 jours suivant la naissance. Avec l’aide de l’UNICEF ou d’autres ONG, de nombreuses démarches sont effectuées chaque année pour pallier le manque de déclaration et modifier le système pour un futur où tout enfant sera enregistré. Parmi ces solutions, il y a par exemple la création d’une plateforme regroupant tous les documents officiels afin de faciliter le travail des mairies, ou encore l’organisation de “semaines d’enregistrement” dans des villages reculés, où des officiels viennent enregistrer, avec l’aide d’ONG, les habitants non déclarés.

La crise du Covid a ralenti les démarches et les rapports de recherche, mais la stratégie d’identification de la population mise en place par le gouvernement en 2016 est toujours en progrès. L’objectif à long terme pour le Cambodge est d’obtenir une identité pour tout le monde d’ici 2026.

Rapport : impact de la Covid-19 sur les familles suivies par Taramana

RAPPORT COVID-19 : Évaluation de la situation socio-économique des familles accompagnées par Taramana

Taramana assure un soutien social aux enfants et à leurs familles grâce à un suivi individualisé, qui permet à nos équipes d’identifier les besoins spécifiques de chaque famille et d’y apporter une réponse adaptée.

En 2020, Taramana a procédé à une évaluation des impacts de la Covid-19 sur la situation socio-économique des familles bénéficiaires habituelles. Sur le terrain, le travailleur social, M. Dararith Eng, a mené tous les entretiens et administré le questionnaire aux familles avec l’aide de deux bénévoles et une volontaire française, à savoir M. Sammy Kouhli, Mme Cécile Roubeix et Mme Laurie Andriamanarivo.

Le projet comporte deux volets : le premier volet vise à comprendre le contexte socio-économique et les nouveaux besoins des familles qui sont apparues lors de la pandémie de Covid-19. Le second volet vise à apporter une aide supplémentaire adaptée à ces familles, afin de favoriser leur résilience économique et sociale à moyen terme.

Résumé du rapport

  • L’épidémie de la Covid-19 a eu un impact direct et immédiat auprès de la population du bidonville de Boeng Salang. Les résultats de l’enquête tendent à montrer que la crise a entraîné une augmentation de la pauvreté au sein des familles, puisque 71% des familles (33 familles sur 46) ont déclaré avoir perdu de l’argent à cause de la pandémie. Le revenu mensuel moyen des familles est passé de 365€ à 278€ (diminution de 23%).
  • La majorité des parents sont des travailleurs dits non protégés (travailleurs indépendants, travailleurs précaires, économie des petits boulots). Ils sont donc particulièrement vulnérables aux répercussions économiques de la Covid-19. Ces emplois offrent des protections plus faibles et sont les premiers touchés par les licenciements.
  • La Covid-19 a non seulement eu un impact sur la situation économique des familles mais également sur l’éducation des enfants, de par la fermeture des écoles pendant 7 mois à Phnom Penh. Le temps d’apprentissage perdu en raison de la fermeture des écoles à Phnom Penh a eu des répercussions sur le développement des compétences. L’épidémie risque donc de renforcer les inégalités socio-économiques scolaires.

Pour accéder au rapport complet avec les résultats de l’enquête, cliquez ici

Que deviennent Les anciens #4 – Vichheka

Après vous avoir donné des nouvelles de Sok Tith il y a quelques mois, nous revenons sur le parcours d’une autre ancienne élève, Vichheka. La jeune femme de 23 ans remonte le temps pour nous parler de son histoire avec Taramana, qui a commencé il y a maintenant quatorze ans.

Une ancienne parmi les anciens…

Alors âgée de 8 ans, Vichheka intègre Taramana en 2006, un an seulement après la création officielle de l’association. “J’étais en grade 2 [équivalent du CE1 en France] à l’école publique. Avec mes six frères et soeurs, on ne pouvait pas suivre de cours complémentaires en langues car ma famille n’avait pas les moyens de nous inscrire dans une école privée”, nous raconte-t-elle, avant de poursuivre : “À l’époque, le centre actuel n’existait pas. Taramana aidait les familles pauvres en leur distribuant du riz et en payant ou prodiguant des soins médicaux. Ils ont ensuite loué une petite maison pour donner des cours de langues. C’est là que j’ai pu commencer à apprendre l’anglais et le français.” Vichheka fait donc partie de la toute première génération d’élèves francophones de Taramana.

Elle nous confie les raisons qui l’ont motivée à apprendre la langue de Molière jusqu’à la fin de sa scolarité au Centre : “Je me disais qu’il serait plus facile de trouver un emploi si je maitrisais le français, vu qu’en ce temps-là peu de gens de mon âge parlaient cette langue au Cambodge”. Encore toute jeune, elle pensait déjà à son avenir. “Mais j’aimais aussi la langue en elle-même, ajoute-elle. Je voulais aussi découvrir la France, et j’en ai eu l’occasion grâce au théâtre !” Tout comme Dara et Vuthny, Vichheka est partie en tournée avec Les Petits Chenapans, la troupe de théâtre francophone menée par Jocelyn Dordé, fondateur de Taramana. Elle revient sur cette expérience.

Quatorze ans de souvenirs mémorables

“J’ai adoré ce voyage en France. Nous avons joué notre pièce de théâtre dans plein de lieux différents. Au début, j’avais un peu peur quand je montais sur scène mais petit à petit je me suis habituée. Nous avons aussi fait beaucoup de visites. Par contre, il faisait un peu trop froid pour moi et ça m’a donné mal à la tête… Mais j’aimerais quand même beaucoup y retourner !” nous assure-t-elle. “Le théâtre était mon activité préférée au centre, avec les cours de danse Apsara [danse traditionnelle khmère, ndlr].

Ce qui a également marqué Vichheka, c’est son séjour dans la province de Kep avec ses camarades. Mais au-delà des voyages, elle garde de très bons souvenirs de ce qui, il y a quelques années, constituait son quotidien. Je n’oublierai jamais mes professeurs. J’adorais étudier à Taramana, surtout les langues. J’aimais aussi beaucoup jouer avec mes amis et manger à la cantine tous les midis.” Elle évoque cette époque avec nostalgie. “Aujourd’hui, je continue à aller au centre lors des fêtes pour le Nouvel An Khmer, Noël et autres occasions. Je viens donner un coup de main à l’équipe avec mes amies. J’aimerais aussi continuer à pratiquer le français avec la troupe de théâtre mais malheureusement je n’ai plus le temps car je travaille maintenant. D’ailleurs, si j’avais un conseil à donner aux élèves actuels, ce serait de travailler dur et bien étudier, car ça leur permettra de trouver un bon emploi plus tard et de soutenir leur famille, comme je le fais actuellement.

En effet, aujourd’hui, Vichheka mène une vie équilibrée. Elle apprécie son travail en tant qu’employée du service Assurance Qualité d’une usine textile et elle profite de son temps libre pour cuisiner ou jouer au badminton. Elle pratique ce sport deux fois par semaine, et ce depuis quatre ans. La tranquillité de son quotidien ne l’empêche cependant pas de continuer à rêver. “Quand j’étais plus jeune, je voulais soit devenir médecin, soit ouvrir mon propre restaurant. Pour être médecin, c’est loupé, dit-elle en rigolant, mais j’espère ouvrir mon restaurant dans les années à venir !”

Nous lui souhaitons de réaliser ses objectifs ! Un immense merci à Vichheka d’avoir répondu à nos questions avec beaucoup de sincérité et de maturité.

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Covid-19 : les mesures prises à Taramana

Le samedi 15 mars 2020, suite à l’annonce de deux nouveaux cas de Covid-19 au sein du royaume, le gouvernement cambodgien a pris des mesures afin d’endiguer la propagation du virus. La première de ces mesures, résumées dans notre newsletter du mois d’avril, concernait la fermeture des établissements scolaires à Phnom Penh, quelques jours après ceux de Siem Reap.

L’une des actions principales de Taramana étant de dispenser des cours quotidiennement aux enfants de Boeng Salang, nous avons suivi les consignes comme les autres écoles. Le centre Taramana Magdalena est donc fermé depuis le lundi 16  mars, et ce jusqu’à nouvel ordre.

Suspension des activités du Centre

Qui dit fermeture de Taramana dit arrêt temporaire de toutes les activités qui impliquent directement les enfants. Les cours, ainsi que les activités extra-scolaires (rugby, football, sorties culturelles, etc.), sont suspendus. Il en va de même pour la cantine et l’infirmerie qui accueillaient les enfants tous les jours.

En parallèle, l’équipe sociale a également dû interrompre les visites dans les familles. Les enquêtes sociales sont donc en pause, mais la participation aux frais de logement (loyer, facture d’électricité, etc.) et la distribution de riz dans l’enceinte de Taramana sont maintenues. Les enfants des familles les plus en difficulté ne pouvant plus bénéficier d’un repas gratuit au centre pour le moment, il est important de continuer à apporter un soutien alimentaire aux familles. La distribution de riz a donc bien eu lieu le premier dimanche du mois et elle s’est effectuée dans le respect des consignes sanitaires énoncées par le gouvernement. Des quantités de riz supplémentaires ont également été préparées à l’avance au cas où le stock national venait à être restreint.

Quant aux événements qui étaient en cours d’organisation, ils n’auront pas lieu aux dates prévues. 

  • Le Green Day, la journée de sensibilisation à la gestion des déchets qui devait se tenir le 23 mars au centre et dans le bidonville de Boeng Salang, est reporté à une date ultérieure. 
  • La fête du nouvel an khmer, d’habitude célébrée au Centre sous forme de jeux et de spectacles montés par les enfants, les professeurs et les bénévoles, était prévue le 3 mars mais elle est malheureusement annulée. Mais pas d’inquiétude, les enfants auront plein d’autres occasions de faire la fête lors de la réouverture du centre !

Le staff toujours mobilisé

Les activités du centre sont au repos, mais pas l’équipe ! Visal, notre infirmier, s’est porté volontaire pour suivre une formation sur le Covid-19, et notamment sur les mesures de prévention, l’équipement de sécurité et la façon dont le virus se répand. Cela fait suite à un appel à l’aide lancé par le Premier Ministre Hun Sen et le Ministère de la Santé. Le 25 mars, 422 médecins et infirmiers ont été préparés à la lutte contre le coronavirus, dans l’optique d’être déployés dans des centres de soins à Phnom Penh ou en province aux côté de milliers d’autres soignants déjà mobilisés. En parallèle de cette mission, notre infirmier reste à la disposition des familles par téléphone en cas de problème. Il en va de même pour Jocelyn Dordé, président de Taramana et médecin de profession, actuellement au Cambodge 

L’équipe sociale reste elle aussi bien active, entre les mises à jour des dossiers, la préparation des prochaines enquêtes sociales et une réflexion collective sur l’amélioration du suivi individuel des élèves. De plus, notre assistant social qui habite dans le bidonville, fait la liaison entre les familles et le reste du staff. Il peut également surveiller de près la situation des familles si besoin.

Du côté des professeurs, la suspension des cours leur permet d’avoir plus de temps pour préparer les prochains mois. Au programme, l’enseignement habituel bien sûr, mais aussi un concours de mathématiques, de nouvelles sessions d’éducation morale et des présentations sur les fêtes nationales cambodgiennes qui seront nombreuses en mai.

Enfin, l’équipe francophone permanente continue ses missions de comptabilité, communication et fundraising qui sont, de par leur nature, un peu moins perturbées par la fermeture du centre. Les bénévoles qui étaient présentes ces derniers mois ont toutes dû terminer leur mission prématurément afin de rentrer en France auprès de leurs familles.

Nous vous tiendrons informés de l’évolution de la situation au Cambodge, en particulier pour les enfants et leurs familles. En attendant, prenez soin de vous et des autres !

 

La fresque des mains de la Taramana Family

Une cour de récré plus colorée !

La cour de récréation est le coeur du centre Taramana Magdalena. Comme le salon d’une maison, c’est l’espace où tout le monde se rassemble avant de retourner à ses occupations, en début de matinée et d’après-midi, et souvent lors des pauses. Des rassemblements aux fêtes annuelles, en passant par les jeux, la musique, les sessions de prévention et diverses interventions, la cour est le lieu de moments riches en rires et en transmission. Une atmosphère qui contrastait avec la grisaille des murs, jusqu’ici peu décorés ou de manière éphémère.

Armées de pots de peinture et de posca (un p’tit stylo blanc magique), les bénévoles ont alors pris les choses en main ! Elles se sont donné pour mission de rendre ce lieu de vie plus coloré. Leur idée : réaliser une fresque murale avec les mains des enfants et de l’équipe.

Un rite de passage pour les enfants

Au-delà de l’aspect décoratif, cette fresque des mains permet à chaque enfant de laisser une trace à Taramana. Un moyen artistique pour exprimer : “je suis passé.e par là”. 

Chaque enfant choisit une couleur et pose sa main sur le mur, à côté des autres empreintes, pour marquer son appartenance à la famille Taramana. À côté de chaque main est écrit le prénom des enfants, en khmer et en anglais, afin que chaque élève se sente représenté comme individu à part entière mais faisant partie d’un tout. 

Le staff a également mis la main à la pâte… ou plutôt à la peinture ! Ainsi, les membres de l’équipe et les bénévoles investis au quotidien auprès des enfants ont leur place sur le mur.

Poser son empreinte sera désormais un rite de passage pour les nouveaux élèves, professeurs, bénévoles… Cet acte symbolisera leur intégration au Centre et à notre grande famille. Au fil des années, on peut aisément imaginer que cette fresque des mains recouvrira une grande partie des parois du bâtiment. Une décoration pleine de sens !

Vous aussi, faites partie de la famille Taramana !

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Derrière le sourire des enfants de Boeng Salang

Fin 2018 sortait une vidéo intitulée La vie au centre Taramana. Celle-ci présentait les actions que nous menons au quotidien auprès des enfants. À travers ces images, les internautes ont pu se rendre compte de l’ambiance familiale qui règne sur le centre. L’enthousiasme se lit sur tous les visages et la joie d’être ensemble est partagée. Cette impression se ressent également dans nos autres vidéos, où un ton léger et humoristique est souvent de mise.

Derrière le sourire des enfants, une dure réalité

Taramana est comme une bulle, un espace de confiance, où les élèves peuvent simplement vaquer à leurs préoccupations d’enfants : apprendre, manger, jouer avec leurs camarades et participer à des activités de leur âge. Toutefois, lorsqu’ils rentrent chez eux, ils se retrouvent de nouveau face à une autre réalité. Derrière leurs sourires, aussi sincères soient-ils, se cache un quotidien difficile. Difficile pour eux et leurs familles, mais également difficile à imaginer lorsqu’on les voit étudier et rire de bon coeur, vêtus de leurs uniformes, comme n’importe quel autre enfant au Cambodge.

C’est donc dans un objectif de transparence et de sensibilisation que l’équipe a réalisé un nouveau reportage : Boeng Salang, derrière le sourire des enfants”. Un film qui dépeint, sans fard ni artifice, la vie des enfants en dehors du centre. Découvrez cette mise en lumière des conditions de vie des enfants, dans le bidonville où est implanté Taramana :

Malgré une situation économique dynamique dans le pays, la moitié de la population cambodgienne vit encore avec moins de 3 dollars par jour. Il est alors peu aisé pour les parents de subvenir aux besoins de leurs enfants. C’est dans ce contexte que Taramana les prend en charge et les intègre à ses programmes éducatif, social, médical et extrascolaire.

Plus que jamais besoin de votre soutien !

Au-delà de la volonté des enfants, de la coopération des parents et du travail de Taramana sur le terrain, c’est grâce à VOUS que nous pouvons mener nos actions depuis toutes ces années. 

Vos dons nous permettent d’assurer le bon fonctionnement du centre et de faire perdurer nos projets en faveur des enfants de Boeng Salang

Pour faire la différence 

🙏 Faire un don ponctuel, c’est par ici ! … donner, oui mais combien ? Quelques exemples  sur notre nouvelle page !
🤝 Une autre façon de nous aider : le parrainage ! En savoir + ici

Découverte de la médecine traditionnelle chinoise, du Qi Gong et de l’art thérapie

Mi-janvier, nous avons accueilli au centre l’association française AMTAO pour une mission humanitaire de 10 jours de soins et sensibilisation auprès des enfants. L’équipe qui est intervenue à Taramana était composée de trois thérapeutes en médecine chinoise, d’une art-thérapeute et d’un joyeux coordinateur spécialiste de la faune Alpine. 

Acupuncture et médecine chinoise

Claire, Patricia et Sofyane ont proposé, aux côtés de Visal à l’infirmerie, des soins basés sur la médecine traditionnelle chinoise. Différentes techniques sont utilisées en fonction des symptômes et de la tolérance des enfants : certains d’entre eux étaient en effet moins ouverts à la pose d’aiguilles d’acupuncture ! Le stylet, les massages ou encore la moxibustion* font également partie des outils et méthodes de soins de cette médecine vieille de plusieurs millénaires.

*La moxibustion consiste à réchauffer – à l’aide des moxas, des bâtons d’armoises – un point d’acupuncture et à y faire pénétrer la chaleur à travers la peau. 

Les séances débutaient par la description des symptômes à l’aide de questionnaires, puis chaque enfant profitait pendant 40 à 50 minutes des mains expertes des praticiens.
Les acupuncteurs ont fait découvrir de manière douce la pose d’aiguilles qui représentait une source d’appréhension. Beaucoup d’enfants se sont étonnés de ne pas avoir mal et en étaient très fiers ! Pour d’autres, un simple massage a suffi à débloquer de nombreux noeuds et tensions.
Quelques habitants de Boeng Salang ont aussi pu bénéficier de la présence et des connaissances de l’équipe pour des soins au centre et dans le bidonville. 

Dans un souci de continuité et de partage, Patricia avait réservé le dernier jour de mission d’AMTAO pour former Jocelyn, Visal et Vuthny (ancien élève à Taramana et aujourd’hui étudiant en médecine) aux outils et techniques de la médecine chinoise.

La thérapie par l’expression des émotions et du corps 

Art thérapie

Avec Dominique (madame) et par petits groupes, les enfants ont découvert l’art thérapie : une démarche pour mobiliser leur potentiel créatif.

L’art thérapie est une stratégie de détour où l’enfant s’exprime à travers sa création. Les outils proposés sont les mêmes qu’en atelier d’arts plastiques ou d’arts vivants mais la finalité est ce qui se vit, non ce qui se voit. Les enfants ont ainsi mis en oeuvre des dispositifs pour soutenir leurs émotions et renforcer leurs capacités et ressources. Par la voix, le rythme, les sons, les marionnettes… ils pouvaient opérer une connexion à leurs sens et effacer la barrière de la langue. Le dessin, par exemple, est un excellent support pour contribuer au développement de l’enfant.

La salle était aménagée pour créer un environnement propice à la créativité et de manière à ce que les enfants se sentent en sécurité. Par groupe de 3 à 5 enfants, ceux-ci ont pris goût à suivre les propositions de Dominique et ont pu lâcher prise en confiance. Certains enfants avec des besoins spécifiques ont pu également bénéficier de séances individuelles. 

Qi Gong

Cet outil de la médecine chinoise combine mouvements, respirations et auto-massages. En développant l’attention aux sensations du corps, le Qi Gong est une belle continuité aux séances d’art thérapie.

C’est dans la salle de danse, réaménagée pour l’occasion, que des petits groupes ont pu s’initier à cette “gym”, comme dit Claire qui anime les séances. L’objectif proposé était, en revenant aux sensations du corps, de prendre conscience du rapport à soi et aux autres. Ce fut notamment l’opportunité pour certains enfants de souffler. En effet, ils ne s’autorisent pas toujours à reconnaître ou à exprimer leur fatigue ou leurs maux.

Le petit plus… une découverte des animaux des alpes ! 

C’est avec Dom’, passionné de la faune de sa région, que les enfants ont fait connaissance avec des animaux du bout du monde dans leur milieu naturel : la marmotte, le chamois, le mouflon, le bouquetin, l’aigle et bien d’autres. 

Autour d’un diaporama et de films, à grand renfort de mimes et d’imitation des cris des animaux, les enfants s’en sont donné à coeur joie. À noter dans les grandes découvertes : la vie des animaux nocturnes, la technique de chasse de l’aigle et bien sûr le sifflement de la marmotte, star absolue de ces ateliers !

Un IMMENSE MERCI à toute l’équipe pour votre implication, votre disponibilité et vos conseils. C’est avec de nouvelles idées pour étendre le projet au bidonville avec des soins à domicile que nous espérons le retour d’AMTAO l’année prochaine ! 

Que deviennent les anciens… #3 – SOK TITH

Une démarche assurée, un sourire espiègle et un regard empreint d’espoir. Lorsque l’on rencontre Sok Tith, on voit un jeune homme de 21 ans qui, comme beaucoup d’autres à son âge, bouillonne d’impatience à l’idée de poursuivre ses rêves. Il est donc difficile au premier abord d’imaginer l’histoire qui se cache derrière ce visage si enthousiaste.
Pudique mais généreux, il a accepté de se livrer sur la façon dont Taramana l’a aidé à devenir celui qu’il est aujourd’hui.

Dix ans en arrière… un élève déjà très prometteur

Tout comme nous l’avions fait lors des interviews de Dara et Vuthny, nous sommes revenus avec Sok Tith sur son parcours au centre. « Je suis arrivé à Taramana en 2008. De mes six années passées là-bas, je garde surtout en mémoire mes camarades de classe et mes professeurs. Ils m’ont donné le goût d’apprendre et d’être un bon élève. À l’époque, mes matières préférées étaient le khmer et les mathématiques. J’adorais aussi jouer au football. » Son visage s’illumine à l’évocation de ces moments passés à l’association.

Il se remémore également les nombreuses fêtes qui étaient organisées pour les enfants de Taramana, avant de nous confier son plus beau souvenir : « En grade 3 [CE2], j’ai été récompensé pour avoir terminé premier de la classe. Mes professeurs m’ont emmené, avec les autres meilleurs élèves, au parc animalier de Phnom Tamao. Ce petit voyage m’a marqué. J’étais tellement heureux ! »

« Taramana m’a donné un toit, des repas quotidiens, une éducation »

Quand on lui demande ce que représente Taramana pour lui, sa réponse est immédiate : « Taramana représente tout pour moi. Ça a joué un rôle déterminant pour mon avenir. Avant de rejoindre l’association, j’étais sans-abri. Taramana m’a donné un toit, des repas quotidiens, une éducation et la possibilité de participer à plein d’activités comme le foot, le rugby, le tennis, le yoga… C’est vraiment une bonne chose que Taramana existe, que ce soit pour moi ou les autres enfants issus de familles pauvres. »

Sok Tith fait partie des élèves qui vivent dans les conditions les plus difficiles. Bien qu’il affiche une grande détermination, il est de ceux qui réfléchissent beaucoup. « J’ai rencontré pas mal d’obstacles dans ma vie et j’ai fait des erreurs. Quand j’y pense trop ou quand je stresse, j’aime bien m’asseoir sous un arbre et lire un livre ou écouter de la musique. Le foot et les jeux vidéo m’aident aussi à me changer les idées quand j’ai du temps libre. »

Un avenir plus radieux se dessine

Même s’il revient de loin, cela ne l’a jamais empêché d’avancer et de se donner les moyens de construire sa vie comme il le souhaite. Il s’est même essayé à la boxe il y a quatre ans pour gagner un peu d’argent. Aujourd’hui, Sok Tith se concentre sur ses études et prépare tranquillement son départ pour la Thaïlande, où il intégrera l’université de Ubon pour commencer une licence.

En effet, grâce à ses efforts, il a décroché une bourse d’excellence et a pu intégrer un programme d’échange universitaire qui prend en charge ses frais de scolarité et de logement. C’est en informatique qu’il souhaite se spécialiser, un domaine qui le passionne, pour devenir développeur. Mais une première étape s’impose : les cours étant entièrement dispensés dans la langue de son futur pays d’accueil, il suit depuis 6 mois une formation pour apprendre le thaïlandais. Un nouveau défi que Sok Tith est prêt à relever ! Et il pense déjà à la suite :

« Quand j’aurai terminé ma Licence, je souhaite poursuivre avec un Master, toujours dans le même domaine, avec un bon emploi à la clé pour être en mesure de soutenir ma famille. Et une fois mon diplôme obtenu, j’aimerais aussi pouvoir apporter mon aide à Taramana si besoin ». Une proposition que nous gardons précieusement en tête. En attendant, Taramana continue à accompagner financièrement Sok Tith pendant ses études en Thaïlande. Nous lui souhaitons beaucoup de réussite et de très belles aventures pour ce nouveau chapitre de sa vie !

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Tournoi de rugby à Singapour

Début décembre, six de nos jeunes rugbywomen se sont envolées direction Singapour pour participer à un grand tournoi sportif organisé par l’ONG Kampuchea Balopp (KB). Retour sur quatre jours riches en émotions, découvertes et rencontres.

Un week-end de grandes premières !

Vendredi 6 décembre dernier, nos jeunes sportives se sont rendues à l’aéroport accompagnées de leurs parents pour rejoindre leurs co-équipières et coachs. Pour toutes, prendre l’avion est inédit !

C’est avec beaucoup d’émotions que les familles se sont quittées, mais la tristesse des au-revoir a vite laissé place à l’excitation des premières découvertes. À bord de l’avion Chanminea nous raconte avec beaucoup d’enthousiasme qu’elle a pu voir sa maison depuis le hublot ! Morokot nous explique : « j’ai eu un peu peur au décollage et à l’atterrissage » tout comme Leakhena et Sethiseul… Sreylin, quant à elle, a beaucoup apprécié le voyage.

Une compétition sous le signe de la bonne humeur

Dès le lendemain, un grand tournoi de rubgy rassemblant plus de 400 joueuses les attendait. Invitées par les Valkyries et la Tanglin Rubgy Club, les filles ont pu participer au Singlife Girls Rugby TRC Cup, la compétition de la coupe de la vérité et de la réconciliation de Singapour.

Chanminea se souvient : « La compétition était très fatigante, j’étais souvent essoufflée ! ». Sous le nom des KB Tigers, nos joueuses ont décroché une victoire lors de ce tournoi. « Il y avait une très bonne entente entre toutes les équipes ! » nous précise Sreylin. « Tout le monde était très content de participer aux matchs » rajoute Panhchakpum.

Même si elles ne sont pas sorties vainqueurs de la compétition, elles se sont vaillamment battues sur le terrain face à des équipes de Singapour et de Malaisie. Leur engagement ainsi que leur motivation leur ont valu beaucoup de compliments de leurs hôtes et elles ont tout de même ramené une médaille à la maison !

De l’effort… mais aussi du réconfort !

Après une journée sportive, l’équipe a pu profiter d’un temps de répit avec la visite de la « Lion City ». Au programme, balade dans Singapour, piscine et barbecue le tout dans la joie et la bonne humeur. Elles ont toutes été surprises par la propreté de la ville. Panhchakpum nous raconte qu’elle a été interpellée par la grande statue de poisson. À l’unanimité ce qu’elles ont préféré c’était le plouf dans la piscine !!!

Sur place, elles ont été hébergées dans les familles des joueuses des Valkyries, l’équipe de rubgy féminine de la péninsule. Toutes très bien accueillies, certaines avaient apporté des cadeaux de remerciement comme Sethiseul des peluches et Leakhena des livres. Sreylin se souvient « ma famille d’accueil m’a fait beaucoup à manger ! Et les fruits n’avaient pas le même goût qu’au Cambodge. »

Ce long week-end leur aura appris de grandes valeurs et des leçons de vie dont l’esprit d’équipe et le respect parmi beaucoup d’autres choses. Un énorme merci à KB ainsi qu’aux hôtes de Singapour d’avoir fait de ce week-end un moment gravé dans les mémoires nos jeunes filles.

PS … et si vous trouvez que Leakhena fait la tête sur les photos ou qu’elle est parfois absente, c’est qu’elle a eu la bonne idée de déclarer la varicelle pile pendant le voyage ! Heureusement, elle a été bien soignée et pu prendre du repos dans la famille qui l’hébergeait pendant le séjour.

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